Bruxelles : l’impasse interminable, et le gouvernement en affaires courantes jouent aux pompiers pyromanes

Bruxelles s’enfonce. Jour après jour, semaine après semaine, les négociations échouent, les réunions s’éternisent, les compromis s’effondrent. Dix-huit mois après les élections régionales, aucun gouvernement n’a encore émergé — et l’impression générale est celle d’une Région laissée volontairement à la dérive.

Le MR, arrivé en tête du scrutin, a enchaîné les propositions pour remettre Bruxelles en ordre de marche : trajectoire de réduction du déficit d’un milliard, pistes pour restaurer la sécurité, mesures de propreté, réformes structurelles. Rien n’y fait. À chaque fois, un obstacle identique se dresse : le refus du PS de faire des compromis.

Au fil des semaines, un sentiment s’est cristallisé : la gauche, déjà aux commandes d’un gouvernement sortant qui a creusé la dette et paralysé la Région, préfère aujourd’hui garder les mains sur le volant… mais en mode affaires courantes. Une position confortable : ne rien décider, ne rien assumer, attendre que le temps passe. Le véritable “statu quo” politique, celui qui étrangle lentement Bruxelles.

“C’est à 101.157 citoyens bruxellois que vous manquez de respect”

Clémentine Barzin (MR) a résumé l’exaspération de son parti dans son intervention qui n’a laissé aucune ambiguïté. Pour la cheffe de groupe, exclure le premier parti bruxellois d’un gouvernement — même limité, même resserré, même urgent — relève d’une envie de tout bloquer sans l’assumer. D’autant que l’alternative dans laquelle s’engouffrent aujourd’hui Les Engagés et les partis de gauche n’est que la reconstitution d’un exécutif qui a mené la Région au bord du gouffre.

Un PS qui souffle sur les braises, puis accuse les autres de l’incendie

Dans son discours, Clémentine Barzin dresse un constat brutal : Bruxelles vit une crise financière majeure. L’avertissement de Belfius, qui ferme une ligne de crédit de 500 millions au 31 décembre, est un signal rouge. ING pourrait suivre. Le risque d’un blocage administratif complet au printemps — salaires impayés, communes asphyxiées, allocations retardées — n’est plus théorique.

Et pourtant, alors que la maison brûle, le PS retire ses équipes de la table des négociations. Un comportement qui pourrait être vu comme celui du pompier pyromane : mettre le feu, regarder l’incendie se propager, puis revenir expliquer qu’il est le seul à pouvoir l’éteindre.

Un gouvernement minoritaire, bancal, et dépendant d’alliances fragiles

La volonté nouvelle des Engagés de bâtir une majorité de gauche est, selon le MR, un pari hasardeux.

Pas de majorité dans le collège francophone. Pas de majorité dans le collège néerlandophone. Une dépendance potentielle à des élus indépendants ou à des groupes jugés incompatibles entre eux. Le tout pour accoucher d’un gouvernement “Good Move” dont les politiques — dette, insécurité, mobilité, gestion interne — ont précisément mené Bruxelles là où elle se trouve.

Le MR dit refuser le naufrage annoncé

Face à cela, Clémentine Barzin conclut en renvoyant chaque acteur à ses responsabilités. Le MR continuera de porter une trajectoire de réformes, de maîtrise budgétaire et de redressement. Et refusera de cautionner un exécutif qui “transforme les garde-fous institutionnels en simples suggestions”.

Sa mise en garde s’adresse directement aux Bruxellois : “Regardez bien celles et ceux qui vous emmènent vers le fond ”